Une définition de la psychose infantile qui fasse consensus relève du défi, compte tenu de l’hétérogénéité et de la labilité des symptômes, et compte tenu des diverses orientations théoriques. L’objectif visé sera alors de mettre en relief deux aspects majeurs de la clinique des psychoses infantiles : la perturbation du registre symbolique, et les rapports singuliers que l’enfant psychotique entretient avec son Autre. Ces deux aspects nous semblent être une forme de dénominateur commun à l’ensemble des psychoses infantiles.

L’article comprend trois parties. La première est consacrée à une revue de la littérature. On constatera ici les difficultés depuis des décennies à s’entendre sur ce que recouvre précisément le terme de « psychose infantile ». Nous nous intéresserons ensuite à l’atteinte du registre symbolique, puis à la particularité des rapports qu’entretient l’enfant psychotique avec l’Autre comme avec ses semblables.

La symptomatologie de la psychose infantile telle qu’elle est décrite classiquement est nécessaire à connaître, mais ne suffit peut-être pas. Pour cerner au mieux le fonctionnement psychique de l’enfant psychotique, l’apport psychanalytique peut s’avérer utile. Nous tenterons de montrer que la particularité de la relation aux autres chez l’enfant psychotique doit pouvoir nous orienter et nous guider dans le diagnostic et dans l’accompagnement de ces enfants afin de les conduire sur une voie plus pacifiée.

Outre la difficulté à délimiter et à définir précisément la psychose infantile en fonction des symptômes ou « troubles » présentés, la discussion porte sur l’importance qu’il y a à considérer un au-delà du « tableau clinique », un au-delà de la symptomatologie, pour faire sa place à la particularité de chaque cas.

Il n’y a certes pas de symptôme pathognomonique de la psychose infantile. On peut par contre considérer raisonnablement que les divers symptômes manifestes découlent du non-arrimage de l’enfant à l’ordre symbolique, qu’ils sont directement en lien avec la relation perturbée que l’enfant entretient avec son Autre, et inversement. C’est ainsi ce mode particulier de l’enfant à l’Autre qu’il convient d’analyser, de réguler, et peut-être de traiter en premier lieu.

Defining childhood psychosis by consensus is a challenge given the heterogeneity and lability of the symptoms, and given the various theoretical orientations. The objective will then be to highlight two major aspects of the childhood psychosis: the disruption of the symbolic register, and the singular relations that the psychotic child maintains with the Other. These two aspects seem to us to be a form of common denominator for all childhood psychosis.

The article consists of three parts. The first is devoted to a review of literature. Here we will see the difficulties that have existed for decades in agreeing on what exactly the term “child psychosis” covers. We will then focus on reaching the symbolic register, and then on the peculiarity of the relationship that the psychotic child has with the “Other” as well as with his fellows.

The symptomatology of childhood psychosis as described classically is necessary to know, but may not be sufficient. To best understand the psychotic functioning of the psychotic child, psychoanalytical theory can be useful. We will try to show that the particularity of the relationship with others must be able to guide us in the diagnosis and accompaniment of these children in order to lead them on a more peaceful path.

In addition to the difficulty in delimiting and defining accurately childhood psychosis based on the symptoms or “disorders” presented, the discussion focused on the importance of considering one beyond the “clinical picture”, one beyond symptomatology, to make room for the particularity of each case.

There is certainly no pathognomonic symptom of childhood psychosis. On the other hand, it is reasonable to consider that the various manifest symptoms stem from the non-stowage of the child to the symbolic order, that they are directly related to the disturbed relationship that the child has with his Other, and vice versa. It is thus this particular mode of the child to the Other that should be analyzed, regulated, and perhaps treated first.